Après l'entraînement

Cela ne faisait que quelques mois qu'on avait proposé à David le poste de Capitaine des Serdaigle - et qu'il avait accepté. Cela correspondait à sa période de "réhabilitation", après avoir refait surface dans le monde des vivants. Conscient qu'il avait beaucoup à se faire pardonner, et pas uniquement le fait de s'être fait passer pour mort durant plusieurs mois, il avait fait un grand effort de sociabilisation. Désormais, l'on ne pouvait plus dire de David qu'il était aussi joyeux qu'une porte de prison, du moins faisait-il de son mieux pour que ce ne soit plus le cas. Et le capitanat de l'équipe de Quidditch des Serdaigle en avait été la première étape.

La séance de ce vendredi soir venait de se terminer. Après avoir longuement traîné sous l'eau tiède des douches, enfilé un épais pull de laine noire et séché ses cheveux d'un roux de feu, David était sorti dans l'air glacé de Novembre. Le soir tombait petit à petit, bien qu'il fusse encore tôt. Le ciel qui avait été d'un blanc pâle toute la semaine, faisant à chaque instant soupirer Shin dans l'espoir d'une chute de neige, virait à présent au bleu sombre, taché à l'horizon par l'ombre brune des montagnes.
Traversant le stade d'un pas tranquille, faisant craquer sous ses pieds l'herbe qui commençait à geler, David alla vérifier que le local à balais était bien fermé. Il s'arrêta au milieu de l'ovale du terrain pour embrasser les gradins du regard, à la recherche d'une éventuelle anomalie. Tout était propre et convenablement rangé, il n'avait plus qu'à rentrer au château, rentrant le cou dans le col de son pull pour le protéger de la piqûre du vent froid.

Malgré sa promesse de se comporter en être social ordinaire, David n'avait pu cacher son humeur sombre à ses coéquipiers. Humeur qu'il n'avait guère su mieux cacher à ses proches et qui l'avait suivi toute la journée. Il l'avait réalisé le matin-même à son réveil : dans quelques jours, cela ferait précisément un an que Sarah avait été enlevée. Dans quelques jours encore, un an que l'on aurait retrouvé son petit corps sans vie, abandonné dans la Forêt Interdite sous la masse flottante et morbide de la Marque des Ténèbres.
Quelques fois, au cours de la triste année qui venait de s'écouler, David s'était réveillé en pleine nuit. Il s'était glissé en direction de Shin et blotti contre lui, pleurant silencieusement sans qu'il n'eût jamais besoin d'expliquer la raison de ses larmes.

Il lui en voulait. Honnêtement, pendant toute l’été personne ne s’était réellement soucier de savoir comment il allait. Bien sur, il ne demandait pas que tous lui écrive, ni que tous fasse attention à lui… Mais que certaines personnes « l’ignore » de la sorte lui fit quand même mal, et ce, même s’il avait passé la plus belle été de sa vie. Techniquement, que Tommy et Shin ne lui écrivent pas, il s’en foutait un peu. Vivant avec ceux-ci, il pouvait facilement se passer d’une lettre, puisque de toute manière il finirait par les revoir quelques jours plus tard, mais de savoir que son meilleur ami ne lui avait pas écrit une seule lettre, c’était quand même blessant… Le pire, est que David devait avoir simplement oublié ou trop occuper il n’y avait pas pensé. Ce n’était pas pour faire du mal, c’était simplement … David Ozawa. Reste que Bastian en aurait été heureux d’avoir une petite lettre avec les simples mots : Comment vas-tu ? Quoi de neuf ? Rien de plus, rien de moins, pas besoin d’un « Je t’adore Bast, tu me manques. » non même pas. En faite, il n’en demandait pas temps, mais pour une fois le jeune homme c’était sentit dans le besoin de confier sa joie et son bonheur. Ne voulant pas en parler avec Tommy ou Shin, il avait cru que son meilleur ami serait une meilleure idée, mais en voyant qu’aucune lettre ne venait vers lui … Il avait abandonné l’idée, croyant que finalement tout ce bonheur serait mieux dans le jardin des secrets.
Maintenant qu’il avait franchit les portes de Poudlard, Sébastian avait pu revoir tout ses copain(e)s, certains s’excusaient déjà de ne pas lui avoir écrit, alors que d’autre n’y pensait toujours pas. Ce fut probablement un choc pour David quand celui-ci l’approcha pour lui faire un câlin de bonjour, mais que le Poufsouffle se recula d’un pas, le regard légèrement en colère. Il ne lui pardonnerait pas tout de suite, car c’était quand même vexant et en étant légèrement gamin de nature, Bastian ce sentait très bien dans le domaine du « je te boude jusqu’à ce que tu piges ce que j’ai. » la dessus, on pouvait franchement voir la ressemblance entre Shin et le jeune Tan’Jun.

Mais ce matin, quelque chose attira l’attention sur le calendrier qui reposait sur la porte du dortoir. Une date plus précisément… Une date pas très joyeuse qui serra fortement le cœur de Bastian et qui le fit s’assoir un moment dans l’espoir de reprendre ses esprits. Comment avait-il put oublier cette date ? La mort de sa nièce avait été probablement la pire des épreuves à surmonter, déjà que tous commençait à s’en sortir petit à petit… Voilà que cette fichu Date leur remontait à la surface. Dans un grognement, le jeune homme se redressa vivement, saisit son manteau et quitta le dortoir dans un pas rapide. Quand Mickaël lui avait dit que David semblait de plus en plus en colère, le jeune homme cru que cela avait un rapport avec leur « mini dispute », mais maintenant il comprenait mieux pourquoi David semblait vouloir tuer tout le monde.
D’ailleurs, il avait ressentit depuis un moment que le Serdaigle n’était plus présent, mais bien dans son propre monde et sachant aussi qu’il pouvait facilement faire une bêtise quand la colère était trop présente, Bastian préféra s’assuré qu’il ne fasse rien d’idiot, comme … Faire semblant d’être mort ?

Ça aussi, c’était toujours bien présent dans la tête de Bastian et le pardon, bien qu’il l’est accorder à David, avait beaucoup de mal à faire oublier les moments triste et de peine que fut la brève perte de David. Quand nous sommes attachés à une personne au point d’en devenir un fantôme après l’annonce de sa mort, c’était qu’un lien puissant c’était formé et ce même lien en ce moment indiquait à Bastian que David ne devait pas être seul pendant les jours à venir… Il aurait Shin, mais sachant que Tommy et Mick l’avait légèrement mit de côté, c’était aussi son rôle d’être là pour lui.
Croisant Steve dans un tournant de couloir, il stoppa net. C’est vrai, il avait rendez vous avec le jeune homme se soir … Oui bon, possible que Steve comprenne la situation. Alors dans un baiser tendre et amoureux, il expliqua à son petit ami qu’il passerait la soirée avec son meilleur ami qui fêté la première mort de sa fille… Et comme l’avait penser Bastian, Steve comprit, l’embrassa de nouveau et laissa son Poufsouffle se rendre sur le terrain de Quidditch. Sachant qu’il trouverait son meilleur ami là-bas, Bastian prit donc un moment pour observer la forêt interdite un peu plus loin, l’endroit même ou Sara avait été retrouver morte … Un frisson lui traversa le corps alors qu’il fronça les sourcils, les mains dans les poches afin de réchauffés ceux-ci, puis repris alors la route vers ce grand terrain, croisant quelques Serdaigle qui retrouvaient au château en croyant pouvoir battre les Poufsouffle samedi prochain.

«- Han, rêvez pas trop mes aiglons ! »
«- Tu te crois meilleur Tan’Jun ? »
«- Ouep ! N’oubliez pas que j’ai un entraineur du tonnerre !»
«- … Le traite ! »
«- »

D’accord, David ne l’entrainait pas vraiment, mais lui donnait quelques tuyaux pour bien jouer et ne pas faire d’erreur idiote… Étant le batteur de l’équipe des Poufsouffles, il fallait bien se rendre à l’évidence, Bastian savait parfaitement comment frapper un cognard pour le faire suivre un trajet bien tracer, c’était d’ailleurs sur le terrain qu’il évacuait toute sa colère accumuler depuis des mois, c’était un bon défouloir ce jeu.
Marchant toujours vers le terrain, le jeune homme sortit finalement de ses pensées quand il vit la silhouette de David un peu plus loin, la mine toujours sombre avec un regard qui semblait vide.
*Merlin, donner moi du courage…*

Possible que le Serdaigle l’ignore. Possible qu’il lui parle comme s’il n’était qu’un vulgaire élève sans importance, avec David on pouvait s’attendre à tout, même au pire. S’approchant lentement du garçon, s’attendant surtout au pire, Bastian se construit un petit sourire, pour finalement se planté aux côtés de son meilleur ami. Pendant un instant il garda le silence, regardant le ciel qui avait cessé de déverser la neige –neige qui avait fait beaucoup de peine à Shin en fondant pendant la nuit-.

«- Alors, prêt à te faire massacré par les Poufsouffles mon petit Dave ? »

Commençons d’abord doucement, par la suite si jamais David devient trop froid, Bastian attaquera la ou sa fait mal pour lui faire oublier sa peine par la suite…

Sans vraiment s'en rendre compte, David s'était arrêté, à peu près au milieu du terrain. Les mains recroquevillées dans les poches de son jean, son regard s'était perdu quelque part en direction de la masse sombre et inquiétante de la Forêt Interdite, dont la cime des arbres ondulait avec lenteur et indifférence. Beaucoup de souvenirs étaient à rattachés à cet endroit, et David ne se souvenait pas qu'un seul d'entre eux fusse jamais heureux. Il était de coutume d'effrayer les jeunes sorciers à leur entrée à Poudlard en prétendant que cette forêt était maudite. Mais ni les Acromentules géantes qui la peuplaient, ni les loups-garous, ni les Troll égarés par des Mangemort pendant une nuit d'Halloween ne rendaient cette forêt si ténébreuse que les sentiments de mort et de solitude qui y étaient rattachés.
Perdu dans ses pensées jusqu'à en oublier l'endroit où il se trouvait, David n'entendit pas le froissement léger des pas de Bastian, couverts par le vent froid et paisible qui lui chatouillait le visage. La voix de son ami le rappela soudain à la réalité, et calmement, sans sursauter, il se tourna vers Bastian.

"Pas question, ma mère me déshériterait si je laissais Serdaigle perdre un seul match."

Malgré son expression qui était restée impassible, sans l'ombre d'un sourire, une certaine tendresse se dégageait de sa voix, que l'on aurait pu interpréter comme une façon implicite de dire "je suis content de te voir".
David sortit les mains de ses poches et les frotta entre elles, rougies pas le froid.

"Et puis ne prends pas l'habitude de m'appeler comme ça, ça me fait penser à Eliana. Moi ça me dérange pas, mais Shin se fâche toujours quand quelqu'un l'évoque."

Alors même qu'il prononçait ces mots, il s'étonnait de parler de façon aussi détendue avec Bastian. Le souvenir de leurs retrouvailles ne l'avait pas quitté, ce qui n'avait rien fait pour améliorer son humeur : il y avait quelques jours de cela, une main chaude et douce s'était posée sur son bras alors qu'il discutait dans un couloir avec un coéquipier de Serdaigle, et avant même qu'il ne fusse totalement retourné, son meilleur ami se serrait contre lui, brièvement, avant de lui lancer un regard qui lui semblait plein de reproche pour ensuite rarement lui adresser la parole jusqu'à aujourd'hui. Ce soir encore, David ignorait la raison de ce regard.

On ne pouvait pas dire que Bastian avait réellement changé. Mais quelque chose -était-ce dans son regard ? Dans le teint clair de son visage qui semblait dégager quelque chose de lumineux ?- indiquait à David que le Bastian à qui il avait souhaité bon voyage quelques mois plus tôt était d'une certaine façon différent de celui qui se tenait à ses côtés à cet instant même.

"Ca va, toi ?" se risqua-t-il à demander, craignant que l'amertume de Bastian, qu'il n'était toujours pas parvenu à s'expliquer, ne fusse tout à fait dissipée. D'un ton qui se voulait plaisantant (il y mit vraiment tout son coeur), il ajouta : "T'as dû vivre des tas de trucs sympa à ton stage, en tout cas ça a l'air de t'avoir réussi. T'es gonflé quand même, t'aurais pu écrire "

Alors qu’il attendait sagement que David lui réponde, Sébastian observait toujours cette forêt qui, malgré elle était devenu le sujet le plus détesté de toute l’école. Il n’y avait pas à dire, Poudlard avait démontré un très haut niveau de solidarité quand tous apprirent la mort de Sara. La souffrance que David et Shin avait du ressentir à ce moment, tous l’avait ressentit. Autant les gens qui détestait Shin ou David, autant ceux qui les adoraient ou même appréciaient. Incapable de faire un pas dans l’école sans que les gens ne leur présente des mots apaisant, évidement Shin en fut le premier toucher, voir tout les élèves qui les soutenait, c’était quelque chose d’agréable à voir. Pour ce qui fut de David, Bastian le soupçonnait d’avoir apprécié, mais jamais le roux ne révélerait une telle chose. Cependant pour Bastian … Cette forêt était signe de faiblesse, d’un moment atroce et surtout d’un sentiment puissant d’énorme regret.
Baissant doucement la tête en ravalant vivement une boule qui se formait dans sa gorge, il sursauta doucement au timbre de voix de son meilleur ami. Finalement… Il parlait encore.

Un petit sourire sur le visage, le Poufsouffle tourna la tête vers le roux. En effet, Liberty en serait vert de colère si jamais David et les Serdaigle venaient à perdre un match de Quidditch. D’ailleurs le souvenir d’une Liberty en furie l’avait bien marqué lors du match Parent élèves que Sanae avait organisé pour l’amusement… Voir qu’une si petite femme pouvait déplacer autant d’air, c’était impressionnant et terrifiant en même temps.

«- Han, n’oublie pas que si jamais tu me blesse, non seulement elle t’en voudra pour le match, mais aussi pour cela. En plus d’avoir Tom, Shin, Mick, Kally, Félix, Dawn et Steve aux fesses pour m’avoir envoyé à l’infirmerie. » Prenant une pause en ayant un petit sourire en coin, Bastian déposa une main sur l’épaule de son meilleur ami.

«- Quand on regard bien, tu es perdant dans les deux cas. »

Tirant la langue au rouquin, il retira sa main pour les mettre dans les poches de son manteau, c’est que le soir la fraicheur laissait rapidement place à une froideur incroyable, pourtant ce n’était que le milieu du mois de Novembre… Pendant un instant il eut peur que des détraqueurs débarque brusquement, mais c’était idiot, son père et Duo avait tout fait en leur pouvoir pour rendre le château encore plus sécuritaire que l’an dernier. Restait à savoir si maintenant cela serait assez… Suffisant.
Même pas le temps de penser à quoi que se sois, que les paroles de David se firent entendre de nouveau, bien que le cœur de Bastian aurait préféré ne pas les entendre. Avalant doucement, il tourna la tête vers David, les sourcils faiblement froncé.

«- Ah … » Vexé ou Déçu, il ne pourrait pas vraiment le dire, mais … Blessé ça il pouvait franchement le faire voir. Détournant le regard il haussa les épaules. «- D’accord, si tu veux … »

Le simple fait que David pense à Eliana quand il entendait le surnom « Dave » lui fit comprendre que peut-être il était réellement temps de faire le point avec tout les gens qui l’entourait. Serrant doucement les mains qui se trouvaient dans les poches de son manteau, après tout… C’était qu’un coup dur de plus à surmonter.
A la question de David, Bastian sourit doucement. Bien sur qu’il allait bien et ce n’était pas grâce à Dave. Bizarrement Sébastian s’était bien vu dire cela à son meilleur ami, mais se retient à la dernière minute.

«- Mieux que jamais. » Cependant la plaisanterie le fit rougir, toussant faiblement alors qu’il se frotta finalement la nuque d’un mouvement un peu nerveux… Bastian avait promis d’attendre que Steve rencontre tout le monde avant d’annoncé la nouvelle, alors comment expliquer son bonheur alors qu’en faite … Il ne pouvait rien dire qui révélerait tout ? «- Disons que … J’ai bien pris mon pieds quoi ! Le stage était super ! »

Avoua t-il avant de figé brusquement, observant David avec un regard qui en disait long. En gros, le regard aurai très bien put exprimer « tu te fou de moi, c’est ça ? » cependant, il se contenta de sourire.

«- Que je sache, tu ne l’as pas fais toi non plus. Je me suis dis que t’étais bien trop occuper pour avoir un moment de répit afin de lire une de mes lettres et que si jamais t’avais vraiment envie d’avoir de mes nouvelles tu le ferais toi-même. »

En faite, Sébastian était réellement heureux d’être revenu le meilleur ami de David, seulement déçu que tout cela soit pendant son couple avec Shin. Car tout le monde savait bien que David et Shin ensemble égale ; plus personne n’existe autour de nous.
Faisant un pas sur le terrain de Quidditch, Bastian se retourna vers David, souriant toujours franchement.

«- Au fais, il va comment Shin ? »

La présence de Bastian avait, plus que jamais, un effet bénéfique sur le moral de David. En un sens, son meilleur ami parvenait à lui insuffler un peu d'optimisme et d'insouciance, ce que peut-être même Shin n'aurait su faire aussi bien. Dans sa vie, peu de personnes avaient été suffisamment proches de lui au point de pouvoir prétendre le compléter. La première avait été Raphaëlle. Il avait fallu au moins un caractère aussi affirmé et courageux que le sien pour canaliser la négativité de David et, parfois, parvenir à la transformer en quelque chose de positif. Puis il y avait eu Bastian. A l'inverse de Raphaëlle, le jeune homme était d'une douceur sans égale, et parvenait à garder son calme et ses émotions mieux que quiconque...bien que la méthode fut différente de celle de sa cousine, il avait sur lui le même effet réconfortant qui donnait à David l'agréable sentiment d'être aimé et, en quelques sortes, protégé.
Traversé par cette pensée, il n'écouta que distraitement Bastian dresser la liste des personnes susceptibles de lui faire sa fête s'il s'avisait de le blesser pendant un match. Le nom d'un certain Steve, cependant, ne lui échappa pas. Il fut sur le point de lui demander qui était ce Steve, mais décida que finalement, il s'en fichait.

"Si tu crois que je vais te faire un traitement de faveur ! Sur le terrain, amis ou ennemis, aucune différence. Et puis tu es léger et suffisamment vif pour éviter les Cognards, je serais déçu que tu sois moins bon en match que quand on joue tous les deux."

Un léger sourire, à peine perceptible mais bel et bien présent, se dessina sur les lèvres de David. Ca aussi, c'était une chose qui avait changé. Jusqu'à il n'y avait pas si longtemps, le Quidditch n'était aux yeux de David rien d'autre qu'une compétition. Dans son acharnement à être le meilleur, ses entraînements intensifs et sa rage de vaincre, jamais il n'avait su y trouver une onde de plaisir. Autrefois, il ne s'était jamais agi pour lui d'un simple sport, mais d'une lutte enragée pour battre, d'une certaine façon, son frère et son père. Désormais, plus une trace de rancoeur ne subsistait dans son coeur, et il avait petit à petit appris à apprécier le Quidditch comme un jeu ... Il avait réappris ce qu'était un sport collectif et, il le savait, cela jouait pour beaucoup dans son épanouissement.

Son faible sourire s'élargit un peu lorsque Bastian avoua avoir passé un très bon stage. Maintenant, David comprenait pourquoi il lui semblait que son ami avait changé. Les quelques jours qui avaient précédé son départ en vacances avec Shin, Bastian lui avait semblé plus réservé et ennuyé que jamais. La solitude pouvait alors se lire dans ses yeux... Mais ce soir là, c'était comme si cet éclat triste avait disparu, laissant place à l'étincelle de malice que portait autrefois le petit Bastian dans son regard.

"Arrête, tu sais bien que recevoir un mot de toi ça m'aurait fait plaisir," dit-il calmement en frottant ses mains l'une contre l'autre, rougies et brûlées par le froid. "Depuis quand est-ce que tu me dérangerais ?"

Il ne répliqua cependant pas à la remarque de Bastian sur le fait qu'il n'ait pas cherché à prendre des nouvelles de lui. Bien que le Poufsouffle ait gardé un ton doux et aussi calme que possible, David ne put ignorer le reproche sous-jaçant. Lui non plus ne lui avait pas écrit, et pourtant David aurait aimé qu'il le fasse. Décidant qu'il ne servait à rien de s'embarquer dans une discussion qui résulterait en un dialogue de sourds, David emboîta le pas à Bastian, enfonçant cette fois ses mains dans les poches, mais sans baisser le regard comme il en avait autrefois l'habitude.

"Shin ? Oh il va bien ... enfin il est un peu en deuil de la neige ces jours-ci, mais ça lui passera ._." (Il laissa s'écouler un court silence) "Et tu sais ... ça ne veut pas dire que je n'ai pas pensé à toi ... Tu m'as manqué."

La panique dans l’estomac, le sentant se contracter alors qu’il venait de laisser la porte ouverte sur un sujet qui le rendait à la fois nerveux, mais quand même très heureux. Sébastian attendait de voir la réaction de David. Après tout, jamais personne n’avait connu un certain Steve dans l’école et le fait que le Poufsouffle en parle réveillerait probablement la curiosité de son meilleur ami… Depuis qu’ils étaient tous petits, David avait toujours démontré une certaine curiosité très puissante, comme lui d’ailleurs. Dès qu’un truc pouvait attirer son attention une fraction de seconde, Sébastian s’élançait dans des questions sans fin pour en savoir d’avantage ou encore connaitre le fin mot de l’histoire, ce fut donc avec un petit sourire timide, que Bastian réalisa que David, s’en foutait royalement de connaitre la personne qu’était Steve. Déstabiliser pendant une fraction de second, Sébastian bafouilla faiblement pour perdre son sourire en ce passant une main dans les cheveux.
Le sujet du Quidditch ne le gênait pas vraiment, mais n’étant pas une passion réellement importante dans sa vie, il n’avait pas pensé que pour David, c’était le cas. Une lueur de déception apparut dans son regard alors qu’il haussa les épaules sous les compliments, laissant naitre un faible sourire sur le coin de ses lèvres. Steve lui avait bien fait comprendre que précipité les choses n’était probablement pas ce qu’il y avait de mieux à faire, mais … Sébastian avait ressentit l’énorme besoin d’en parler avec son meilleur ami… Tant pis …

«- Et bien… Merci. Je ferais de mon mieux pour ne pas te décevoir David. »

David… C’était quand même étrange de reprendre une vieille habitude. Normalement quand il avait à utilisé le prénom du rouquin c’était pendant une dispute, en temps normal Sébastian employait le surnom de « Dave » mais voilà que pour des raisons surprenante David semblait ne plus vouloir… Un second pincement lui vint au cœur alors qu’il réenfonça ses mains dans les poches de son manteau. Après tout, les temps changeais et l’envie de trouver un nouveau surnom à son meilleur ami ne semblait pas l’enchanté… La première fois qu’il avait employé le surnom, cela remontait aux premières vacances ou ils avaient été séparés pendant un été. La joie de revoir David avait été démontrée par un petit surnom, des larmes et un énorme câlin de retrouvaille.
Mais bon, quand l’âge de 17 ans sonnes, possible que les petits surnoms aussi sentimental n’avait plus autant d’importance….
Marchant lentement dans un craquement de sol gelé. Un peu de neige aurait été sympathique, du moins assez pour remettre le cœur de Sébastian en fête, lui qui semblait plutôt raplapla en ce moment. Même les paroles de David ne semblaient pas lui faire vraiment plaisir.

«- Désoler… La prochaine fois je vais t’écrire.»

*… en premier, encore.*

A la question de David, Bastian haussa les épaules. Question idiote, puisque le Poufsouffle savait parfaitement qu’il ne dérangerait pas David, seulement il avait été idiot de croire que David lui écrirait en premier pour avoir de ses nouvelles, la stupide citation que lui lançait toujours le rouquin « pas de nouvelle, bonne nouvelle » lui avait toujours taper sur le système nerveux, mais … Jamais Bastian ne lui avait dit. Et puis de toute façon, à quoi cela servirait de lui hurler dessus ? David ne changerait jamais et encore et toujours Bastian allait devoir faire les premiers pas pour obtenir un mot ou un truc de David… Ce fut pourquoi il ne répondit rien à la question et se contenta simplement de demander comment allait Shin, après tout… Son petit frère non plus ne lui avait pas écrit. Étrangement, le pouf ne fut pas surpris d’entendre que Shin était en deuil, l’étant lui-même. Un petit sourire apparut sur son visage, de la neige … Ça serait vraiment sympa.
Sortant brusquement de sa rêverie, Bastian tourna la tête vers David et l’observa un moment. Le silence qui en suivit fut assez intense pour créer un faible malaise chez les deux garçons. D’ailleurs, le malaise était si présent chez Sébastian, qu’il ouvrait la bouche et la refermait, sans rien répondre. Il lui avait manqué…. Hésitant avec deux sentiments, Bastian détourna le regard et baissa les yeux vers le Lac, devant lui.
Les minutes s’écoulait toujours, alors que Bastian restait silencieux.

«- … »

Comment prendre la chose ?
Comme d’habitude surement, c’était probablement le mieux à faire non ?

«- Tu savais qu’en France, il fait beaucoup moins froid qu’ici ? C’est beau la France, d’ailleurs, je me suis inscris de nouveau à mon stage, j’aime beaucoup.»

C’était totalement hors contexte, mais valait mieux oublier le sujet du « tu m’as manqué » ou « Tu ne me dérangeras jamais tu peux m’écrire ». Il avait été déçu, mais ce n’était pas plus grave …

«- En plus, j’ai cru tout ce temps que j’étais dans une famille de Moldus, alors qu’ils étaient tous sorcier… u.u…. »

C'était étrange comme cette conversation semblait ... vide. Peut-être parce que lui-même se sentait vide à l'intérieur. Mais la présence de Bastian, ses mots, quelques soient leur sens, lui apportaient comme une paisible chaleur qui venait combler ce vide.
Lentement, tous deux marchèrent en direction du château, sans qu'un seul mot ne fût prononcé. David sentaient ses mains lui brûler et s'engroudir, bien que celles-ci fussent enfoncées dans ses poches, et le froid glissait désagréablement sur sa nuque.
Il avait beau être un piètre observateur, David ne put que remarquer une certaine déception dans l'expression, et même dans le ton de la voix de Bastian. D'où venait-elle ? Il n'en avait pas la plus petite idée. Mais il ne se sentait pas d'humeur à jouer aux devinettes avec Bastian : ou bien il avait quelque chose sur le coeur et dans ce cas il le lui dirait, ou bien il était simplement un peu fatigué, comme souvent ces interminables journées de froid vous épuisaient tant mentalement que physiquement. Et puis, après un long silence, Bastian se mit à parler de la France. Il y avait de la joie dans sa voix, un sourire sur son visage, mais il semblait à David que quelchose chose n'était pas vrai, pas à sa place, comme une fausse note dans l'hymne à la joie.

« Si ça s'est si bien passé alors je suis content ... Je savais que tu aimais bien la photographie, mais j'ignorais que c'était à ce point là ... Tu comptes en faire une carrière ? »

Il leva les yeux vers le ciel. La nuit tombait doucement, et au loin, au dessus de la Forêt Interdite, d'étranges créatures noires ressemblant à des chevaux ailés planaient en cercle comme des rapaces guettant la proie.

« Des sorciers ? » fit-il en haussant un sourcil. « Oui, ce sont des choses qui arrivent, nous sommes beaucoup plus nombreux qu'on le croit ... Que tu ailles à ces stages ça me semble une bonne chose ... Mais j'espère que tu n'as pas aimé la France au point de vouloir partir à Beaux Bâtons ... »

Il se tourna vers Bastian, un sourire incertain sur les lèvres.

« C'est bien que tu partes vivre de nouvelles expériences, mais pas trop longtemps ... »

Tout ceci ne menait à rien. La conversation, le fait qu’ils soient là et qu’ils ne parlaient même pas … David semblait ailleurs, alors que lui, semblait plutôt distant. La conversation devenait sans queue ni tête et Bastian allait même jusqu’à croire qu’il en était la cause, d’abord il aurait cru que David serait heureux de le voir, mais finalement quelque chose de plus important prenait probablement toute les pensées du rouquin ce qui coupait toute communication. En même temps, a quoi devait-il s’attendre ? Se mordant la lèvre inférieure, Bastian tourna la tête vers son meilleur ami, alors qu’il fronçait doucement les sourcils. Une carrière en photographie ? Pas con … Pourquoi pas, en même temps c’était toujours mieux que de vouloir devenir chanteur dans un groupe, non? Les chances d’avoir un emploie stable était mieux dans le domaine de la photo.
C’est donc en haussant les épaules et en ayant un air pensif que Sébastian répondit à son meilleur ami.

«- Qui sait, si jamais je suis vraiment doué… Je pourrais devenir journaliste ou photographe pour un journaliste. On verra bien. »

Observant le château qui devenait de plus en plus gros au fur et a la mesure de leur pas, Bastian repartie dans son petit monde. La France, le fait d’avoir parler de cet été lui réchauffa le cœur. Quel été quand même, jamais il n’aurait pensé trouver l’amour la bas, et le fait de ne jamais avoir su que Steve était sorcier n’avait pas facilité le départ, mais la surprise avait été magnifique par la suite… Quand il avait vu son petit ami dans le hall, la chaleur qu’il avait ressentit à ce moment là, cela avait été tellement intense…
D’ailleurs, tellement absorbé par les souvenirs des retrouvailles, le Poufsouffle ne compris que la fin des paroles de David.

«- Hein ? Ah ! »

Tiens. Cela se serait probablement passer si jamais Steve avait dévoilé à Sébastian qu’il était sorcier. Jamais Bastian n’aurait accepté que son copain change d’école, quitte sa famille et vienne vivre à Londres. Non ! Il aurait probablement préféré changer d’école lui-même plutôt que d’éloigner Steve de sa sœur … Et maintenant qu’il y pensait …

«- Tu sais… » Il s’arrêta brusquement, le regard brillant. «- … Ça aurais put être le cas, honnêtement. Si jamais sut plus rapidement que Steve était sorcier, j’aurais tout lâcher pour aller à BeauxBatons… »

C’est dans un froncement de sourcils que Bastian regarda David, une lueur sérieuse dans le regard. Maintenant qu’il y pensait, Shin avait été admit dans l’école sans avoir de pouvoir magique au début… Possible que s’il en parlait avec son père, Sanae et Annicka il pourrait faire en sorte qu’Asia puisse venir ici et ainsi, Steve ne serait plus inquiet ou triste de savoir sa sœur seule en France.

«- David, je t’aime ! »

Il l’embrassa sur la joue, un large sourire sur le visage alors qu’il levait les points vers le ciel, hurlant qu’il avait trouvé l’idée du siècle.

«- Haaan… Ça serais vraiment trop génial ! »

Tout sourire, il se retourna brusquement vers son meilleur ami, puis éclata de rire. Étrangement, le fait de pouvoir faire plaisir à l’homme qu’il aimait, lui avait fait oublier quelques petits instant que David était probablement le pire des amis qui soit.

«- Pas trop longtemps ? Tu as peur que je ne revienne jamais et que je t’abandonne à ton triste sors ? En même temps… »

Il se mordit la lèvre en poussa vivement David.

«- C’est pas toujours à moi de t’écrire et de te donner des nouvelles. Le faire ne te tueras pas David Ozawa. Et le surnom Dave, c’est MOI qui te l’ai donner à l’âge de 6 ans, alors ta gueule, tu gardes se surnom. Après quoi, j’aimerais aussi que des fois, tu me dise que tu tiens à moi. Juste comme ça, parce que j’ai besoin de le voir… Tu savais que Kallyann est la seule a m’avoir écrit cette été ? En plus Dave…. Sache que… »

Incroyable mais vrai, le coeur de Sébastian se serra brusquement. En temps normal il n'appréciait pas hurler sur les gens et encore moins sur David, le fait de n'avoir ni question, ni air interrogatoire l'avait blesser. En temps normal, tout être humain s'inquiétait pour une personne, voulait en savoir plus sur celle-ci quand la duré d'absence était longue, mais pas David. En faite, plus il en savait moins et mieux il se portait à croire ...
L'index toujours sur le torse de David, Bastian se recula. Le regard humide.

«- Oh et puis laisse... Ma vie semble ne pas vouloir être un point important dans la tienne, Ozawa. »

Dans un soupire qui en disait long, Sébastian tourna les talons et se remit en marche vers l'école, les mains dans les poches. Après tout, David n'avait jamais réellement été bavard avec lui, du moins pas autant qu'avec tommy... Montant les marches du chateau, il ouvrit la porte et disparut dans le couloir de l'école.