Arrivée[libreuh!]

Les deux sorciers atterrirent sans bruit à proximité de l’entrée du château. Eyth descendit de son balai et décrocha le sac qu’elle avait pendu à l’extrémité. Son père lui tendit un étui de forme oblongue qu’elle prit avec précaution. On était en milieu d’après midi, mais le ciel était déjà tout obscurci par les nuages noirs qui s’amoncelaient depuis le matin. Le voyage avait été long, mais sans encombres et ils étaient maintenant arrivés à bon port. Morihei toussota. Sa fille croisa son regard qui s’excusait presque. Il avait l’air fatigué, mais on pouvait malgré tout voir une lueur de détermination au fond de son regard. Il était loin d’être à bout, et Eyth pris appui sur ce regard pour s’avancer vers lui et prononcer d’une voix sure, en anglais.

« Au revoir, Otoosan. »

Il la prit dans ses bras et la serra contre lui.

« Prend soin de toi, Eythia. Et méfies toi. Je ne veux pas qu’ils t’aient toi aussi. »

Il avait répondu en japonais. Eyth se détacha de lui et sourit d’un air qu’elle voulait rassurant. Puis elle passa la grille, son sac dans une main, son violon dans l’autre, et son balai en lévitation à côté d’elle. Elle ne se retourna qu’une fois avant de s’éloigner sur le chemin en direction du château. Son père la couvrit longtemps du regard avant d’enfourcher son balai et de décoller à nouveau. Il aperçut encore la silhouette de sa fille, longs cheveux flottant au vent, et ses manches de kimono battant l’air. Elle avait oublié d’enfiler sa robe noire avant de rentrer. Puis il passa au dessus des nuages et il ne vit plus rien du tout.

Eyth avança sur le chemin d’un grand pas, posant son regard partout où elle le pouvait. Au loin des serres, un lac, une petite cabane au milieu du parc, et, tout au fond, l’ombre sombre d’une grande forêt. Le moins qu’on puisse dire était que le parc était vaste. Malgré le temps maussade, on puvait voir plusieurs petits groupes d’élèves, au bord du lac ou au milieu des pelouses qui se détendaient. Eyth auraient pensé qu’à cette heure-ci, tout le monde était en cours. Peut-être qu’ils étaient libres pour une heure… En tous les cas c’était un plus par rapport à sa précédente école, où elle n’avait jamais une minute libre.

Eyth ralentit un peu. Ça ne servait à rien de se presser, elle entrerait toujours bien assez tôt dans le château. Elle déposa son sac un instant et y fouilla pendant quelques secondes avant d’en sortir une cigarette qu’elle alluma, puis elle s’assit sur sa valise au milieu du chemin en observant les différents groupes qui flânaient dans le parc.

*Je ne sais même pas si c’est permis… Peut-être pas une très bonne idée de commencer à se faire mal voir…*

Après une seconde de réflexion elle décida qu’elle n’en avait rien à faire. Il serait toujours temps de se l’interdire le moment voulu. Pour l’instant elle voulait profiter. Oui, Shiki commençait déjà à lui manquer, et elle se demanda où était Akiha à l’instant. Son frère lui avait précisé avant qu’elle parte qu’elle ne pourrait lui écrire qu’exceptionnellement, car il partait se cacher avec leur petite sœur. Il ne désirait pas être repéré. Mais malgré ça, elle se sentait heureuse. Plus libre. Depuis la mort de sa mère une ombre planait sur la famille et tout le monde s’en ressentait. L’éloignement lui ferait certainement du bien. Et puis, elle avait toujours aimé plonger dans l’inconnu. Et le grand château qui se dressait devant elle était tout ce qu’on pouvait désirer de plus mystérieux. L’endroit rêvé, se dit-elle, en se préparant toutefois à déchanter. Elle écrasa son mégot sous son talon et se releva. Les plis volant au vent lui firent prendre conscience qu’elle avait oublié de se changer. Le détail lui sembla sans importance et elle se remit en route, cette fois ci avec un léger sourire aux lèvres. Elle parvint en quelques minutes au château, sans interruption. Les autres élèves l’avaient dévisagés, mais aucun ne l’avait abordée. Elle poussa la porte d’entrée et fit quelques pas dans le grand hall avec émerveillement.

Un grand escalier devant elle, de nombreuses portes s’ouvrant sur les côtés, des murs ornés de tableau multiples qui semblaient la dévisager avec curiosité, Eyth se sentit soudain très petite. Le chic british était en fait très semblable à ce qu’on en disait…elle fit plusieurs tours sur elle-même dans l’espoir de trouver où aller, sans succès. Elle vit passer au dessus d’elle les formes gris perlé de deux spectres qui devisaient gaiement. Oui, elle allait certainement se plaire à Poudlard. Encore fallait-il qu’elle sache où aller maintenant…